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BITUMES (24' et 48') couleur
Cette série est composée de formes de matieres, de couleurs apparemment tous aléatoires, collectés au fil des années. Accumulation instinctive dans ses motivations non définies au départ, ouvertes et improvisées sur le terrain, au grés des opportunités qui se présentent. Le moment de prise de vue est une rapide concentration accompagnée de la satisfaction propre à une tache (bien) accomplie. l'auteur/fotograf n'aura pas pris le temps d'en faire une affaire de cet instant fotografic parmi tant d'autres.
De temps à autre intérroger le futur quant à l'éxistence réélle à donner à ces séries de documents encore inactivées lorsqu'elles ne sont qu'archives.
l'acte fotografic devient banal pour tous dans sa massification, acte plétoric multiplié par les médias qui le permettent dont le smartphone (cette caisse à outils proche du pace maker à en juger par la manipulation incéssante de l'objet entre bible et chapelet qu'on égraine d'une maniére addictive ) est sans doute actuellement l'outil le plus évident pour films et fotos. Banal donc la prise d'images et pourtant, curieusement toujours d'actualité cette phrase tant répétée à l'adresse de D.B "pourquoi vous avez pris cette foto" alors que l'acte rapide a déja eu lieu pour la + grande frustration du questionneur interloqué.
L'obsolescence, l'anachronisme, voire le pseudomoralisme d'un tel questionnement …/…. acte fotografic incompréhensible selon la logique de ce formatage omniprésent dans tout acte et pensée.
Bien entendu le questionneur ne se pose pas la question, en fait il nie à l'avance toute réponse possible et porte plutot une accusation déguisée en questionnement envers l'auteur hérétic coupable d'un "cliché" non répertorié, incongru, donc agréssif à une culture (française ou autre) particuliérement intolérante à toute étrangeté qui viendrait nier les années de souffrance d'un pénible formatage qu'il n'est pas question de remettre en cause comme nous le rapellent tous les ministres de l'éducation succéssifs se cassant les dents sur ce mamouth immuable car déja innerte, mort de longue date tout en devenant d'autant + sacré qu'il n'est plus qu'un mythe, une fable pour enfants anesthésiés s'endormant pour un cauchemard assuré au pied de ce monument rafistolé par de mutiples prothéses alourdissantes, inventaire des éditions scolaires plutot que répertoire de la vie à éffeuiller joyeusement.
Colossal ratage suscitant l'attrait bien compréhensibles de tout jeu éléctronic dont le téléfon portable permettant de surfer à l'infini dans des fuites en abime où l'immédiateté impose le nouveau mythe d'un pseudo temps-réél qui pourtant à tous les stigmates de l'inflation d'un rien bien envahissant, ns en sommes les témoins passifs en tous lieux publics où le logo d'un téléfon endormi remplace le "défense d'afficher" qui tentait jadis de museler l'affichage militant intempéstif des classes sociales en lutte.
En France ns avons l'INSEE et ses indices et statistiques bidonnés pour ns faire croire que nous sommes heureux riches beaux et plein d'avenir. Un monde de dupes parainé par l'Etat, les Etats endétés et dispendieux .. et ils s'étonnent du peu de crédibilité qu'on leur accorde…./…
Plus que jamais ns sommes dans la semblance et la vraisemblance, cultivant des attitudes et objets sur lesquels ns projetons une croyance, une crédibilité juste suffisante pour une consommation immédiate. Un monde de rumeurs dont le buzz est le bruit de fond rassurant: ns sommes encore en vie.
Ca n'est plus seulement de l'immédiateté frénétique qui se marche sur la queue mais aussi une rythmie qui conduit inéluctablement à l'étouffement.
Donc ici des formes, des matiéres, des couleurs apparemment tous aléatoires, simples traces d'un regard anachronique porté sur rues et trottoirs en dépit d'un sens commun de lecture qui ne prévoit pas une vision en surplomb mais s'adresse conventionnellement à une lecture en perspective déstinée à influer sur les décisions spatio-temporelles propres au déplacement de l'individu sur ces surfaces selon des codes appropriés ici réduits à des graphs matiéres et couleurs dont seul l'ésthétisme apparait comme un nouveau sens caché dans les traces/souvenirs perceptibles du vocabulaire initial bousculé dans ces cadrages. Ici l'oeil entraine l'ésprit vers des domaines inconnus du genre "art abstrait" puisque l'abstraction est visiblement privilégiée...et qu'il va falloir tenter de recréer un sens ... émotionnel.. esthétique...pour tout dire sans rien nommer. …/…
Au hasard on peut ouvrir le chapitre des exotismes, phénoménes liés à l'anachronisme dans le regard ordinairement appareillé de ses lunettes de lecture culturelle. La technologie joue des roles épisodiques importants dans ces exotismes: le téléobjectif qui projette dans le monde du là-bas, la macro dans le monde de l'invisible qui sature notre univers du ni-vu ni-connu, ainsi que figer la vitesse ou garder la trace floue d'un mouvement devenant perceptible continuent de fasciner les fotografs et leur public béotien dans un regain emplifié par les capacités actuelles du numérique et ses virtualités poussant chacun à se mettre en scéne pour participer à la kermesse de la mise en ligne directe dans ce fameux temps réel pathétique dans l'emphase de l'insignifiant.
Et immédiatement dérriére ces éxotismes technologiques, des grammaires d'esthétisme tentant de ressouder des bribes de référents, d'entendement "commun" pour redonner sens à ces pseudo-anachronismes momentanés alors qu'il est si difficile de faire confiance à ses propres impréssions…./…
Se libérer des références de l'acquis pour arriver à un autre stade où le regard en s'émancipant se jette dans le quasi vide pour atterrir en terre inconnue sans etre terrorisée par "le non-sens" qui devrait s'y trouver mais qui semble enfin avoir négligé de s'imposer pour laisser place à des négociations avec soi-méme laissant poindre des sensations encore innomables mais captant l'interet. Situation floue à cultiver, et c'est une jubilation valorisante qu'explorer avec le courage de l'aventurier inconscient ces nouveau territoires non balisés …./…
On peut aussi ouvrir le chapitre du regard et ses corollaires l'invisible et le lisible.
Si la prise de foto pratiquée par D.B est rapide dans une gestuelle légére, fluide, instantanée c'est parceque le regard a déja anticipé un cadrage qu'il recentre au moment du déclenchement. C'est le résultat d'une longue pratique s'etant renforçée dans l'exercice du déssin, dans les recadrages à l'agrandisseur des fotos argentiques , en portant l'appareil reflex à l'oeil avec l'usage du zoom. L'avénement du numérique et du petit compact avec un écran pour tout viseur, simplifie la gestuelle en une visée à hauteur de ceinture ou bout de bras, facilite la rapidité et aboli un défaut majeur de la visée portée à l'oeil: une ligne d'horizon trop haute, préjudiciable à bien des cadrages. voir les incontournables fotos de familles aux personnages déformés par une perspective raccourcissant les jambes, phénoméne considéré comme normal à l'oeil qui ne regarde pas l'image en tant que telle mais s'ingéni simplement à identifier les personnages présents. Une sommaire lecture tronquée de tout ce qu'un cadrage peut intégrer de lisible renvoyant à notre scolarité pour grosses tétes et petites jambes. Aucune culture de l'image et on regarde la TV comme on regarde les fotos de famille, en béotien de l'image dans un quotidien où nous ne céssons d'en consommer. Aucune réflexion sur le regard porté, ni initiation sur la prise et lecture d'image. Moeurs d'occlusion visuelle, intellectuelle, conceptuelle.
Fotografier développe l'acuité du regard, le controle de la réspiration et de la main, multiplie les champs d'intéret, les domaines du visible; comme bouger, danser développent le corps et son inscription dans l'éspace, la réspiration; comme parler développe locution, élocution et pensées; comme écrire aide à développer réflexion, fiction, forme et style dans les rythmes conjugués d'une respiration, d'une attitude, d'une écriture, dans la pratique d'un clavier, dans un comportement spécifique se constituant au sein de toute pratique médiatique prolongeant et exprimant les pulsions du corps, de la pensée, d'un regard, d'une émotion... d'une création etc. La fonction créé l'organe. …/….
La vigilance est un exercice difficile au sein du quotidien et c'est pourquoi il est si facile et plaisant de la retrouver dans un contexte exotique de voyage où la nouveauté suscite une vigilance minimale sans en etre conscient. C'est en quoi les vacances, la vacance sont des situations stimulantes porteuses du plaisir de jouir pleinement de l'instant présent, fait remarquable s'opposant aux automatismes du quotidien.
On comprend bien finalement ce "pourquoi vous avez pris cette photo ?" . C'est bien une question d'inculture en désaroi qui s'exprime naivement.
© Caspar le 01.09.12