MES ELLES Vidéo 112'41 couleurs. répertoire anthropiconique. extraits: femmes.
MES ELLES sont aussi bien les traces d'une sorte de harem universel de la femellité portraiturée tous azimuts, que l'évocation d'un envol auprès et avec les Muses (mes ailes), ces allégories/élégies qui traversent les siècles, dénudées la plupart du temps, en menant peuples et cultures vers ...Ieurs destins d'êtres sociaux manipulés par idéologies et puissants, agissants. Par rapport au collatéral IMMIGRANTS (Vidéo de 48' limitée aux portraits de Musées USA cote Est) où l'érotisme est escamoté, la nudité rare, le sens de portrait s'élargit ici pour intégrer des bustes, des attitudes se rapportant aux idéaux de représentation du moment, à l'inspiration de l'artiste aux prises avec ses fantasmes ou à ceux des donneurs d'ordre en quête de symboles où féminités, maternité et nations s'accouplent volontiers. Avec MES ELLES on sort aussi du cadre muséal pour parcourir d'autres lieux, champs de représentation-monstration et donc d'autres gammes d'évocation, du portrait d'individues à la condition féminine implicite.
MES ELLES, travail sédimental balayant des décennies d'archives sur des supports divers, témoigne d'une quête perpétuelle du regard, boulimie de collectionneur en préalable à des constructions/dégustations ultérieures. MES ELLES rencontre une mise en forme (+de 1500 icones) pour tenter d'accéder à des sens possibles. Mais elles nous racontent leurs maternités, joies et tragédies, violences, morts silencieuses ou avec emphases telles qu'elles traversent les siècles. Passives, esclaves, soumises, (Allo Sabine! t'es où?) lascives, actives, cyniques, vénales, dominantes...séductrices toujours... des variantes dans un contexte patriarcal établi. Jusqu'à des rumeurs grossissantes d'émancipation d'un regard masculin trop possessif dont l'attention soutenue pérennise une mise en cage si l'on ne fait que s'y complaire sans le remettre en cause, telle une publicité de cosmétique, telle l'essence rare d'un parfum où quête et soumission conquérantes semblent posées en acmé de l'érotisme du conformisme des cadeaux de Noel.
En cause l'égo magnifuck qui, de la corée du Nord à nos chaumières en passant par Versailles Rome chinoiseries soviétiques, arabesques et blanche maison, pénètre esprits, cultes et vies quotidiennes.
MES ELLES est la trace de l'immense frustration sexuelle qui traverse contrées et siècles de notre déterminisme animal voué à la reproduction de l'espèce. Accouplements. Que de circonvolutions cérébrales et picturales pour prétendre échapper à cette déstinée, contrariée par les voies de l'ésprit et les multiples antichambres des conventions et simulacres sociaux et religieux détournant à plaisir l'acte sexué ...entre autre. Syndromes d'impuissance exprimés. Pathologies et perversité du sociétal. ''l'art est le cénotaphe d'un fantasme inassouvi ," (D.Bay). Des siécles de patriarcats et machisms ont imprégné mentalités et comportements…iconografies. On s'intérroge sur les effets pervers d'une culture (=normes) qui conduit un peintre à s'enfermer dans un musée pour reproduire une toile magnifiée par le lieu et qui n'est elle-méme qu'un condensé de codes sociologiques. Le peintre est-il en train de peindre une oeuvre (celle d'un autre qui devient la sienne) ou simplement en train de faire avec soin la copie du chéque qui récompensera cet exercice de redevance/asservissement culturel. Le fotograf qui perpétue le méme acte de copier en mitraillant autour de lui, au musée ou dans la rue, la vie, pratique-t-il une simple révérence culturelle ou l'encyclopédie de poche d'un répertoire qu'il éspére bien feuilleter unjour pour enfin lui trouver et donner un sens au-delà de la pulsion de prise d'image, au-delà de l'instantanéité du vécu si éphémére . (cf. : Mon quartier. D.B.1969 . Fet & Con D.B 2008...). Une ambition qui suppose un deuxiéme vécu dérriére les apparences et simulacres de l'actualité routiniére qui prend en otage sans avoir le temps d'exercer un consentement éclairé. Le risque donc de toujours rester devant l'objectif, sujet de son objectivation (l'homme transparent du 21ém, porteur des lunettes sociales du selfie), sans avoir jamais pratiqué ce regard particulier qui se cultive derrière l'objectif. Mettre en place une vie à part: c'est ce que s'offrent les créateurs; faire un pas de côté iconoclaste, souvent si difficile à enclencher, pour aller voir ce qui se trouve là, pas loin ... qui peut n'être parfois qu'une acuité retrouvée au sein d'un flou consensuel.
MES ELLES pourrait être la matrice d'une pratique de l'école buissonnière des signifiants et concepts à distribuer à tout enfant de 12 ans pour que lui et son entourage s'exercent à pratiquer des pas de coté à partir des multiples entrées possibles aléatoires, ici liées au sériel discursif, pour pratiquer le recul nécessaire. C'est une question de présence effective dans sa contemporanéité à construire plutôt que subir. L'imagerie construit l'imaginaire, comme le texte cet autre auxiliaire d'expression mémoire/empreinte de l'esprit stimulé, sollicité...avec 2 options: échappatoire ou enferme ment Mutation/errance des conformismes de poche, nomades: texte>tweet, texto. Portrait>selfie. Dématérialisation...inflation du dérisoire, logorrhée verbale et iconique du moi-je? MES ELLES, portant traces de la condition féminine, incite à pratiquer une ordinaire interactivité critique, constructive de sens autres que les ordinaires lieux communs rabâchés par nos mœurs de rentiers. Encore faut-il considérer l'image, simulacre, comme un jeu incitant à la transgression, au remixage à connexions aléatoires plutôt que modèle à reproduire et atteindre.
© Didier Bay