Paysage-frontiére
Les limites de propriété ou le paysage en morceaux
On associe généralement à la notion de paysage une notion d'étendue. Une dimension difficile à concrétiser parceque mettant en scéne une ligne d'horizon et des zones de distances hors de l'échelle humaine, éspace non mesurable. C'est tout au moins l'identité d'un paysage typique dans lequel l'éventuelle anecdote humaine (un personnage, une maison, un objet) n'est que secondaire et se doit en tout cas de ne pas gacher le paysage. Ce qui est toujours plus difficile de nos jours (qu'il s'agisse d'une ligne à haute tension qui parcourt collines et vallées ou de constructions disgracieuses coupant l'harmonie • naturelle •. Ces anachronismes donnant un renouveau d'intéret aux sites jugés • naturels • et permet aux administrations de renforçer contraintes et restrictions aux transformations et constructions. Reglements dont la sévérité et les abus discriminatoires paraissent tout aussi excessifs que les exemples disgracieux qu'ils sont supposés éviter ... ce qui est finalement rarement le cas car l'aspect esthétique d'un paysage s'entend assez mal avec une industrialisation et une démographie qui se développent empiriquement malgré les tentatives de planifications qui correspondent rarement à la réalité.
Ainsi le concept du paysage renvoie-t-il aujourd'hui à des notions • modernes • de parcs naturels, de zones préservées... en fait d'interdits. Une façon de faire comprendre à l'homme qu'il est tout juste toléré, tolérable, dans un • vrai • paysage. Hélas il faudrait aussi pouvoir controler la direction et la fréquence des vents polluants, le cour des riviéres et eaux polluées etc. Ce qui implique le plus souvent un controle de la pollution industrielle et là on tombe sur un autre tabou institutionnalisé de notre civilisation.
En attendant sous pretexte de préservation on pourra toujours interdire la présence physique du citoyen en mal de pic-nie qui veut broyer un peu d'herbe sous son féssier. Eventuellement on lui fera payer ce droit qui devient un luxe exclusif appelé à se developper plutor à l'échelle des balcons et autres jardiniéres d'ornements. Le problème des économies d'énergies ont dailleurs mis en scéne la maison-serre qui permettra à l'homme de se préserver-cultiver à l'exemple de ses plantes d'appartement. C'est le paysage-intérieur. Le mysticisme naturaliste.
Les documents joints donnent une traçe particuliére d'une réalité du paysage : le paysage des propriétaires.
A l'occasion de la remise en état des matrices cadastrales vieilles de + de 100 ans on a demandé aux propriétaires de bornér leurs propriétés par des petits piquets si possible porteurs de leur noms pour facilité le travail des géométres. C'est ainsi que tout d'un coup le paysage s'est trouvé morcellé en petites parcelles identifiables. On devient ainsi conscient que cette promenade traditionnelle d'une heure ou 2 à travers le paysage supposait la traversée de plusieurs dizaines de propriétés invisibles car lues comme faisant parti d'un paysage indivisible.
Il s'agit ici d'un paysage social.
Déjà le quotidien de se paysage social avait subit des transformations matérielles. Les bruits, le rythme de la • terre • ont changé avec le tracteur, le hangar en toles, le mazout, les engrais chimiques et pesticides dispersés de plus en plus fréquemment, la stabilisation et conservation des produits fermiers, les meubles en formica, la télévision ... Autant d'élément qui font que le paysant a depuis longtemps un tout autre rapport d'exploitation avec la nature. Il est maintenant plutot assimilable à un ouvrier spécialisé. Suprématie des sciences et techniques • modernes • sur les traditions d'usage des • sens naturel •, du savoir-faire ancestral.
L'autre aspect de ce paysage-social à l'occasion de ce remembrement c'est d'avoir révélé des anomalies, des diachronismes et anachronismes.
Beaucoup de parcelles appartiennent à des gens ne vivant plus dans la commune, s'étant expatrié vers d'autres paysages (citadins) plus rénumérateurs.
Beaucoup de terrains sont actuellement, sciemment ou non, ignorés par leurs propriétaires. Il n'est pas rare qu'un particulier paie des impots pour un terrain qui ne lui appartient pas. Soit qu'il l'a toujours à tort considéré comme le sien soit que les employers du cadastre ou des impots ont mal retransmis les noms propres ou lieux dits ou les numéros de parcelles à une époque ou tous les dossiers administratifs étaient écris manuellement avec des écritures plus ou moins lisibles.
Certains impots sont payés deux fois par deux propriétaires différents pour un méme terrain.
Dans ce sens c'était l'occasion de révéler les derniéres traçes importantes de la tradition orale qui faisait force de loi plus que les papiers administratifs et titres de propriété que chacun répugnait à manipuler, dont le langage était (reste encore) illisible, icompréhensible le plus souvent.
Aussi si on avait un doute sur la propriété on faisait appel aux souvenirs du grandpére ou des anciens de la commune qui ne voyait pas de mal à arranger le paysage frontiére selon leurs humeurs et affinités du moment. (il n'est pas rare qu'aujourd'hui les experts géométres fassent la méme chose, la méme manipulation en échange d'un salaire. Soit à la sauvette sans que le voisin lésé ne s'en doute, soit à l'occasion de procés où la subjectivité reste la maitresse du terrain).
Quand aux noms portés sur les papiers de ces piquets-bornes ils sont une traçe de tous ces éléments par rapport aux grandes familles présentent de longue dates (on retrouve les mémes noms au cimetiére: autre lieu-paysage) qui ont participé à un passé culturel encore visible quoi que dilué.
Vocabulaire particulier que celui des noms:
Blacas casimir. Bracassac. Rolland. Neret guy. Guillemin lucien. Chassat. Vernat. Lemesle émil. Bruant. Renoux. Fafonnet gilles. Hegron maurice. Brenus. Duport. Guilloteau alfred. Fafonnet alexandre. Verna. Poupard félicien. Taffanneau gilbert-henty. Meynard gerard. Taillandier gilles. Monerie. Boisgabd klemir. Thouet. Menier. Buron. Raymond. Benoit. Duveau. Houdin. Monxion. Papin. Carisseau. Druet André...
Tous ces noms ont été relevé dans les alentours immédiats du lieu-dit • le Mevier •
© Didier Bay