WET DREAMS boite 32,5x35,5cm

   WET  DREAMS

Des différents voyages éffectués par D.Bay aux USA  (dont en 1986 traversée N-Y / S-F en camping-bus.- Bourse "Villa Médicis Hors les murs" qui passait également par une traversée de l'Egypte en un théme commun "sur la route des Pyramides"-) , ce sont une itinérance de 5 semaines en 1993 et un bref "rappel" de 15 jours en 94 qui déclenchaient une gestation nourrie de cet environnement fuyant qui s'avale avec boulimie telle une frase sans fin dont les mots semblent familiers mais se brouillent au regard  (vertige visuel, spatial, en effet avant tout), com si on en retenait vaguement la music, le rythme, mais plus le sens …autre que cette fuite en avant. Aspiration délicieuse, jouisssiv, jubilatoire. Le road-movie d'une camera bloquée en prise directe . S'arreter pour prendre qlq fotos était un acte d'une grande volonté,  sacrificiel ds ce continuum du plaisir, mais dont la récompense n'allait pas tarder à se manifester, à de nombreuses reprises.!
            C'est 12 mois après que l'accouchement eu lieu ds un Schloss Solitude (Stuttgart.RFA) qui entre-temps avait acquis une familiarité d'atelier propice à la réalisation. (Nombreuses vidéos et séries Fotos/texts autour des thémes de MUSES , MUSES & MUSEES [1], La vierge à l'enfant, Visages de Femmes, Odalisques de Billard, Au bout de la nuit . 1993). Des agrandissements  A3 (fotocopies) de tirages 10x15 s'organisaient au mur et bientôt D.B se mettait devant sa machine a écrire et sortait dans la foulée 40 lettres à Caspar , en Anglais,  alors que la radio US FM (base militaire US en RFA) le replongeait ds une ambiance "on the road again", que la TV RFA et les activités autour du Schloss (fotos de familles et d'entreprises mettant en scéne leurs produits…) impregnaient de concert cette correspondance particuliére . C'est ds une sorte d'euforie que le parturient mettait en scéne cet enfantement riche de sensations .( il y eu plusieurs épisodes de revenez-y, approches, versions diverses ds les formes et contenus dont qlq incunables, versions "livre") .
                                                                                                                                                                                                             PEGGY  ETAYLA
 
" Ce titre aurait qlq chose à voir avec le fait que lorsqu'on se réveil le matin avec le pijama et/ou le drap empesé de sperme, on a toutes les raisons de penser que qlq chose d'agréable a eu lieu en rapport avec éros, mais on ne sait + exactement quoi.   …/…Ce travail porte trace d'une succéssion de jouissances qui prennent racine bien avant les voyages US et perdureront au prorata de mon habileté à mettre en scéne mon imaginaire, à re-sous-titrer à satiété les pretextes fictions/réalités de mes archivages que je ne confond pas avec ce qui serait une simple mémoire factuelle (ça éxiste ?) .
Et + précisément, avec le rythme des paysages interieurs [2] ( ici chambres de motels) on sort déjà d'une mouture brut de W.D et on aborde d'autres constructions qui expriment clairement qu'il n'a jamais été question de "se rappeler" , mais bien, toujours, d'inventer cette part du vécu  (monde intérieur) qui est si difficile à mettre à jour , au jour le jour .
En fait tenter de se réaproprier ce que court-circuite l'émotion si forte du moment exotic qui ds un tel voyage itinérant de découvertes perpétuelles vs laisse ds un état-plateau de tension sans pouvoir décider du moment qui semblerait enfin propice à UN orgasm, final, tout d'un coup prioritaire (mais alors meurtrier) sur les chapelets de jouissances des moments…/…."                                                                                                                              D.BAY  18.6.96 
 
WET DREAMS s'inscrit ds la continuité d'une pratique aléatoire exploratrice (via la prise d'image) qui prenait une forme organisée avec "MON QUARTIER" (1969-71) [3] qui met en scéne des séries de fotos-documents à partir desquels un texte tapuscrit vient se juxtaposer, autre dimension .
C'est donc la prise d'image et sa réorganisation/médiatisation qui précéde le texte .
C'est le silence confus/habité de l'émotion visuelle qui précéde le bavardage (bruissement) du texte qui ds notre culture particuliére ( diktat du culte de l'écrit) tient lieu (est le lieu normalisé) de (la) prise de parole. Entendez les universitaires s'écouter écrire en parlant, voyez les rituels de la fébrilité des 800 romans de la " rentrée littéraire" du tiercé gagnant Galligrasseuil, les dicos d'or de la dictée Pivot, la pensée civile fagocitée par le verbiage pris entre le télévisuel démago-lénifiant et l' universitaire au vedétariat carriérist emprunt/marqué de clientélism servil . Involution téléviso-culturelle garantie sans/avant méme l'incidence d'une mondialisation/médiatisation porteuse de modéles imposés. L'art : en lieu et place de ce que serait un éventuel discour de l'art par lui-méme (imprégnation), c'est le discours universitaire sur l'art qui occupe le terrain (un marché), divulgue le sous-titrage otorisé, creuse le fossé avec le public/caution à qui on délivre une catéchèse indigeste (com tout ce qui reléve de croyances et religions), pour ne séduir que les qlq initiés qui entendent bien cultiver leurs priviléges, se distinguer de la vulgate… tels les fonctionnaires européens   qui sont quasi les seuls à se faire rembourser le Viagra  pour encourager la reproduction des "élites" (qlq peu déficientes donc) à moindre frais .
 Ds la génése d'utilisation de ces 2 médiums (fotos/texts) s'inscrit une volonté de mise à distance des lieux communs, interrogation du visible/lisible, du discible/scriptible  ds la méme logic de réapropriation à usage individuel des données d'une culture mise en cause. C'est bien le minimum vital.
C'est en quoi , ici, la foto n'est ni en référence à la peinture, ni à des éstétisms + spécifics ultérieurement développés : c'est d'abord un document qui s'inscrit ds un context (la série, cette premiére narration) et méme des contexts (juxtaposition éventuelle avec d'autres  séries-thémes mis en dialogues), méme s'il ne pourra jamais échapper à une des multiples formes que peut prendre l'éstétism, ou ce qui passera pour tel .
C'est en quoi, ici, le text sera aussi un tel type de document brut. Directement tapuscrit pour éliminer d'emblé les références nostalgics au graf, et en méme temps avoir la forme définitive nécéssaire à la mise en page déterminée. La liberté ressentie dans une pratic familiére de la foto instantanée trouve son timide équivalent ds un text brut de frappe où les notions de "fautes" ortografics ou syntaxics seraient ici aussi incongrues qu'à propos des travaux d'ésquisse du peintre que les connaisseurs aiment à considérer com des œuvres à part entiéres, souvent + signifiantes que l'œuvre finale réalisée en tenant compte des aKadémismes du moment, d'un clientélism particulier .(fénoméne récurent ds le monde de la création, sans doute ojordui amplifié par la succéssion rapide des mini-modes très consommatrices de " talents" consensuels) .
 Cette très modeste approche iconoclaste du texte (haut lieu des ségrégations akadémics) se développe depuis le travail "Didier BAY 1875- Didier BAY 1975" . 1975 , dont la partie 1875 était la narration, en anglais, de la vie d'un pionnier style US ds une vallée de la Seine style Western .  Le passage par l'anglais,culturellement au moins aussi mal maitrisé que le français-troma-national, permis cette illusion de liberté indispensable à toute création, préalable à toute appropriation (autre que monaitaire) .
La prise de vue, la prise de parole et la mise en texte sont autant de moments de concentration impliquant bien des sollicitations/participations du corps, de l'ésprit, des émotions … généreusement ignorés par nos akadémisms scolaires alors qu'un enseignement/exploration partant du monde sensible serait une toute autre aventure à engager d'urgence (peu à voir avec l'actuel insertion tardive des arts à l'école, si "révolutionnaire")
 
Exposés en Allemagne et au Luxembourg [4] , les WET DREAMS n'ont pas encore été exposés en France (com bien des travaux de D.BAY) avant leur acquisition par le FNAC et exposition ojordui au Musée d'art moderne de Lille Metropole à Villeneuve d'Ascq .
 Il existe une version vidéo " WET DREAMS" de 46' que Jérome SANS aime montrer avec le "no sex last night" de Sophie CALLE, sans doute par amour des contrastes sur le mode des itin-érances .
                                                                                                                                       ©  CASPAR . 31.08.02 
 
[1]  "MUSES & MUSEES". D.BAY.1993 . édition. Schloss Solitude/ La Différence. Paris
[2] voir "LE PAYSAGE".D.BAY.1985. édition  Le Castor Astral .52 r des Grilles F. .93500  PANTIN .
[3] "MON QUARTIER". D.BAY. 1977.edition  YELLOW NOW. 15 r F. Gilon B. 4369  CRISNEE .
[4] "SEDIMENTS 1944-1997".  D.BAY. 1997. édition  Le Casino Luxembourg  41 r Notre Dame  L..2013.  LUXEMBOURG