COMMENT MA MERE A QUITTE JOHN WAYNE

                                                                                             

COMMENT MA MERE A QUITTE JOHN WAYNE Video Couleur 6'41 Didier BAY

 

 
Ma mére et John Wayne se sont rencontré et aimé trés jeunes.
Pas en Irlande comme le laisse entendre l'Homme Tranquil ce film de 1952 de John Ford qui symbolise leur rencontre.
J'ai aujourd'hui 72 ans, mais lorsque j'ai vu ce film à 8ans en accompagnant ma mére au cinéma j'ai bien compris a quelle point elle s'identifiait au personnage de Maureen O'HARA cette jeune femme exigeante et rebelle aux hommes et au machismes de son époque et compris à quel point mon pére n'avait céssé de se cacher toute sa vie dérriére cette silouette puissante et séduisante de john Wayne en veste et casquette en tweed, cet homme tranquil sur lequel ma mère avait une certaine emprise.
Ca n'est peut-etre pas déja à 8 ans, mais vers 12 ans que j'ai commençé à vraiment me sentir étranger aux moeurs, à la mentalité rétrogade de ma culture, de mon époque archaique, des pseudo-priviléges des adultes en particulier des hommes, leurs hypocrisies ordinaires et compromis trop faciles, comme du mépris fondamental des démagogies politiciennes pour le peuple. Que la France des années 50 était con! Que le printemps 68 a été une gorgée d'air frais! Que la France des années 2010 est con! éternellement rattrapée , devançée habitée d'une connerie exhubérante de tenacité qui me laissait, me laisse définitivement ailleurs. Quel affairisme où la moindre connerie est désormais digne d'un traitement médiatic exhaustif et rabaché à longueur de réseaux. Aucune éclaircie, aucune réspiration, aucune paix possible. Un Tsunami de conneries relayé par une frénésie du data.
Dans ce moment de pause qu'est "l'hom tranquil", la scéne la plus marquante et spectaculaire du film est le combat de boxe entre mon pére et son beau-frére sur le pretexte d'une dot à laquelle ma mére semblait trés attachée au point de faire la gréve du sexe dés son mariage, et méme une fugue tant qu'elle ne serrait pas entourée de ses objets personnels que son frére retenait en otage.
Le deuxiéme fait que je retenais donc de ce film était que ma mére pouvait etre une emmerdeuse et se comporter délibérément en consommatrice, en contradiction avec ses sentiments amoureux envers John tant qu'elle ne se sentirait pas vraiment chez elle, entre autre.
Pourtant ma mère et John vivaient une passion telle qu'elle peut surgir entre deux jeunes se découvrant mutuellement dans les méandres des explorations des plaisirs échangés dans une forte entente physique. De ces émotions qui propulsent un "je t'aime" signifiant clairement: j'aime en moi les émois que tu déclenches.
Un je t'aime miroir trés narcissique qui peut se développer au point de nier toute autonomie à l'étre ainsi prétendument aimé mais en fait retenu prisonnier ds le sentiment amoureux qu'il génére, possessif. Cette prise de possession de john devait étre finalement dominante et devenir obsétionnelle au point d'atteindre un point de non retour en 1964 date à laquelle ma mère quitta John Wayne, par dépit amoureux.
En dehors des deux épisodes déterminants que sont les joutes verbales entre ma mére cette amoureuse au caractére revendicatif et John bougon, buté mais assez docile, et d'autre part la prise de mains entre John et son beau-frére faisant étalage des mémes obstinations si symboliquement machistes, jubilatoires pour les spectateurs... il y a un épisode plus rural et bucolique, incongru mais à forte symbolique,  où on voit  John manier une béche pour planter des rosiers, il lui offre une paquerette, tout en mettant la main au cul de sa femme, désormais à portée de main licite vu les liens du mariage.
De fait mon pére n'avait rien du gars capable d'entretenir un potager pour nourir sa famille.
Il était plus homme à planter des rosiers comme John, et méme à faire de la confiture de rose ou encore imaginer développer une ferme à papillons pour les images oniriques qu'il projettait sur ce type d'entreprise en fait  à caractére industriel peu compatibles avec son dilétantisme plus ésotérico-artistico-intellectuelle que naturaliste et affairiste.
Il y eu tout au plus quelques rosiers, quelques timides tentatives de greffes non abouties, des recueils de textes vécus comme autant de trahisons par ma mére ne s'y retrouvant pas toute, des orchidées -pretextes... et un filet pour chasser mouches et  papillons en écrasant quelques escargots au passage.
Ma mère et John ont bien tenté de se construire des environnements favorables à abriter leur cohabitation avec leur progéniture, ces deux enfants, cette fille et ce garçon, ces étrangetés familiéres dont ils aidérent aux premiers pas, aux premiéres expériences de vie aléatoires.
Tout ceci non sans efforts et péripéties comme le laissait présager ce film figurant la rencontre mouvementée de ma mére avec John Wayne avant une séparation définitive en 1964.

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© Didier BAY.