Réflexion introduction à "MON QUARTIER".
Ma mére se suicide en 1964. Je découvre qu'il ne me réste d'élle que des souvenirs assez imprécis, tous "maternels". De la femme, de l'individu réel qu'était cette mére.. je ne connais rien. Or c'est vraisemblablement plus l'individu que la mére qui s'est suicidé. De mon pére je ne connais rien. Des divers membres de la famille (peu fréquentée -indifférence réciproque ?) je ne connais rien.
Finallernent je ne connais donc rien de personne hors de cet aspect éxtérieur, ce masque social que chacun de nous a appris à porter à l'occasion de ce qu'on appelle communément "l'éducation" qui n'est qu'une triste et stricte mise en condition qui n'a rien à voir avec éveil et communication des individus.
Pendant un certain temps je m'éfforçe de découvrir qui sont mes proches qui suis-je, à travers les documents (photos) qui dorment dans des boites de chaussures et enveloppes. J'ai manipulé ces documents un certain temps sans avoir eu le temps de leur donner un sens car trés rapidement je me suis attaché à découvrir qui j'étais AUJOUR·D'HUI, ce que je pensais maintenant...
D'où une prise de conscience de moi-méme, de mon entourage, à travers les divers aspects de ce qui constitue le quotidien.
Ce quotidien se développe dans un certain milieu, selon certaines conditions inhérentes à diverses influences: familiales, sociales, et à un environnement tel que LE QUARTIER dans lequel on vit; qui constitue le point de repére principal où se situe la maison le refuge que l'on habite qui vous abrite, accueille, protége...
C'est l'étude de ce quartier, non pas dans sa topographie, mais à travers les gens qui l'habitent, le font vivre et lui donnent un visage, une couleur humaine particuliére, que je m e suis éfforçé de faire d'une façon toute SUBJECTIVE. Parmi les masques qui circulaient j'ai reconnu des éléments familiers qui n'avaient jamais retenu ma conscience. A mesure que je découvrais les éléments constitutifs de mon environnement j'étais de plus en plus intéréssé, attaché à ces individus dont on ressent assez bien l'isolement, dont on constate le systéme d'habitudes qui régit leur vie.
En dehors des découvertes toutes personnelles que cette recherche sur mon environnement m'a procuré, il se dégage pour moi un sentiment imprécis de malaise envers ces gens que je crois bien comprendre et qui sont enfermés dans un monde trés structuré qui ne laisse que trés peu de place à la joie, trés peu de chance à l'imagination, à l'impulion personnelle, épanouissement de l'individu.
C'est la découverte d'un environnement gris, feutré, impersonnel, dans lequel il ne se passe en réalité
rien.
Et pourtant on constate ici et là quelques traçes de vie qui s'ébauchent seuls éléments possiblement positifs dans l'indifférence et l'anonymat général.
C'est le constat, le témoignage de ces traçes de vie éphéméres que j'ai fixées dans le temps par ma volonté de prise de conscience de moi-méme à travers mon environnement.
DIDIER BAY 1973 © Didier BAY.
Reflection-introduction on the work "MY QUARTER".
My mother commits suicide in 1964. I discover that the only souvenirs left of her are rather inaccurate and purely "motherly". Of the woman, the individual she was I knew nothing. Although it is more likely the individual than the mother that commited suicide.
Of my father I know nothing. Of the different membres of the family (seldom seen -mutual indifférence ?) I know nothing.
Finally I know nothing of no one, except this "outside" aspect, this social mask each of us learned to wear during what we usually call "education" which is nothing more than a sad and strict conditionning that has nothing to do wîth the awakening and communication of individuals.
For a while I trie to discover who are my kins, who am I, through the documents (snaps) sleeping in shoe-boxes or envelopps. I handled these documents without time to give them a sens since very rapidly I was interested in discovering who I was TODAY, what I though now...
Therefore to get conscious of myself, my environment through the divers aspects of what constitutes the daily life.
This daily life d veIopp s in a certain surrounding, according to certain conditions due to divers influences: family, society and an environrnent such as the QUARTER in which one lives that constitutes the main land- mark where the house, the refuge you live in, that shelters you, welcomes and protects you.
It is the study of this quarter, not in its topography, but through people living in it, making it alive and giving it a façe, a particul r human color, that I tried to do in a SUBJECTIVE way. Among the masks that went about, I recognized familar elements that had never held my conscience before. As I was discovering the constitutive elements of my environment I was, more and more interested, attached to the se individuals of whom one can feel the loneliness, witness the system of habits that rules their lives.
Beside those all personnal discoveries that this study of my environment gave me, an unnacurate feeling of discomfort is coming out toward those people I believe to understand well and that are enclosed in a very structured world that leaves very little space for joy, very few chances to imagination, own impulsions, individual blossoming.
It is the discovery of a grey, felted, unpersonal environment in which nothing happens in reality.
But however, her and. there one might see a few traces of life outlined only elements possibly possitives among a general indifference and anonymity.
It is the statement, the recording of these ephemeral traces of life that I fixed in times by my will to get conscious of myself through my environment.
DIDIER BAY 1973 © Didier BAY.
LA VIE EN FENETRE
notes sur la vue d'une fenêtre dans l'oeuvre de Didier BAY.
Observé pendant assez longtemps par une fenêtre, le "monde extérieur" perd l'unité hiérarchique qui lui est donnée en général comme fond et objet d'une action: il se décompose en une variété d'apparitions dont les sens ne sont donnés que par un indice: les répétitions.
Elles seules donnent au monde extérieur passant dans la fenêtre une certaine solidité analogique qui semble représenter un sens immanent ou un motif.
Si on voulait caractériser d'une manière générale cette situation de perception exprimée par l'intermédiaire de la fenêtre (en la comprenant comme signe) -et surtout l'attitude de connaissance liée à elle - ce serait comme étant aliénée à une stricte contemplation isolée de l'action.
Alors la construction en série de l'oeuvre de D.B. devient compréhensible comme une conséquence méthodologique de la situation de perception décrite,dans laquelle rien ne serait à comprendre sur un monde extérieur -le quartier- autrement qu'en assemblant et accumulant ce qui se répète dans le but d'en extirper la clef d'une téléologie secrète de ce qui se passe là en tant que signe (scène) extérieur. (Ce qui n'est pas vrai dans la démonstration qui suit).
Les photos démontrent cette situation de perception et le monde extérieur représenté en elles y reste apparition incompréhensible, quoiqu' il se trouve déjà dans l'enfilement des moments intelligibles. D'autre part les textes essaient explicitement de donner un sens à ce qui se passe en reconstruisant un monde intérieur derrière ces apparitions du monde extérieur: intentions, désirs, appréhensions.. etc. De cette façon les apparitions deviennent significatives par rapport aux intentions (motivations) qu'on y suppose: ce qui semblerait se passer d'une manière quelconque devient maintenant transparent en tant qu'action concrète (motivée).
Cet essai de rendre intelligible le monde extérieur décomposé en apparitions, en y reconstruisant un(e) subject(ivité) est une dialectique particulière: car quand D.B. essaie d'expliquer les apparitions du monde extérieur comme extériorisation de mondes intérieurs fictifs, il traduit en les reconstruisant son propre monde intérieur, projectivement, en un monde exterieur.
Et c'est ainsi que son monde intérieur reçoit une évidence figurative par laquelle il devient lui-même compréhensible.
Dans ces oeuvres sur le quartier le monde extérieur est donc un fond sur lequel (par lequel) un sujét essaie de figurer comme objet, en se proJetant lui-même (s'affirmant ainsi).
Les passants sont des agents d'une recherche de soi-même.
(Certainement on va parler de voyeurisme. Mais le voyeurisme est-il autre chose qu'une forme paradoxale de la perception de soi-même: l'essai d'une identité projective (projetée).
Fritz HEUBACH 1973 © F. Heubach
LIFE IN A WINDOW
Notes on the view from a window in Didier BAY's work "MON QUARTIER".
Long enough seen through a window the "exterior world" looses the hieraréhic unity generally given to it as base and abject of an action: it is decomposed in a variety of apparitions in which meanings are only given by a sign: the repetitions.
Them alone give a certain analogic solidity that seems to represent an immanent meaning or a motiv, in the exterior world passing through a window.
If we wanted to characterize generally this situation of perception expressed by the window itself (taking it as a sign) -and above all the attitude of knowledge bound to it- it would be as being alienated to a strict contemplation isolated from action.
Then the sery constructions in D.B's work becomes comprehensible as a methodological consequence of the situation of perception described, in which nothing could be understoud of the exterior world in an other way than by collecting and gathering what is repeated with the goal to find a key to the secret teleology of that which passes here as an exterior sign (scene). (Which is not true in the following demonstration).
The photos demonstrate this situation of perception and the exterior world represented in them remains uncomprehensible apparitions, although they are already some intelligible moments in the succession. On the other hand the texts try explicitly to give a sens to what is happening by rebuilding an interior world behind those apparitions of the exterior world: intentions, desirs, apprehensions... etc. In this way the apparitions become significant in regard to intentions (motivations) supposed in them: what seems to happen whatever the way, then becomes transparent as a concrete (motivated) action.
This essay to make intelligible the exterior world decomposed into apparitions by rebuilding a subject(ivity) is a particular dialectic: as when D.B. tryes to explain the apparitions of the exterior world as exteriorisations of fictif interior worlds, he translates in rebuilding them his own interior world projectively on (in) an exterior world. And this is how his interior world receives a figurativ evidence in which he becomes comprehensible himself.
In this work on the quarter the exterior world is so a background on (by) which projecting himself a subject tries to appear as object by projecting himself (therefore asserting himself).
The passers by are the rechearch agents of one self.
(Certainly some will speak of voyeurism. But is voyeurism something else than a paradoxal form of self perception: the essay of a projectiv (projected) identity).
Fritz HEUBACH 1973 © F.Heubach
CHIENS.
Les animaux domestiques:
se dit d'animaux qui vivent dans la demeure de I'homrne.
Le chien en milieu urbain.
Le chien est un quadrupéde de la famille des carnivores digitigrades Le chien compagnon {fidéle} de l'homme, -de l'humain... Il semble qu'il y a toujours eu des chiens depuis l'apparition de l'homme sur la terre.
Si l'on conçoit trés bien la possibilité d'avoir un chien à la campagne, soit par nécéssité affective, soit pour le gardiénnage des biens ou d'autres animaux (chien berger) c'est parceque l'éspace disponible et le rnileu naturel permettent à l'homme et au chien de se cotoyer sans contrainte et donc éventuellement de s'apprécier mutuellement, de vivre en harmonie.
C'est quand rnéme trés différent à la ville. Il faut dire que ce qui pousse le citadin à s'offrir un chien ce sont généralement des sentiments trés égoistes qui_ ne tiennent pas compte du tout du respect qu'ils doivent à un animal qui n'est pas sensé étre aliéné au rythme de vie travail-loisir spécifique au citadin, quelles que soient les possibilités d'adaptation de cet animal domestique.
Mais le citadin, solitaire dans la multitude, a besoin plus que tout autre, de trouver un interlocuteur muet, un spectateur, un souffre douleur, un dérivatif pour un trop plein d'affection... Bref un compagnon dont les principales qualités résident dans sa domesticité, sa souplesse d'adaptation fataliste, son mutisme parfois intégral.
Le chien urbain un substitut.
Un homme seul, une femme seule prennent un chien pour compagnon
Un couple sans enfant prend un chien (un couple dont les enfants sont partis, également )
Une jeune fille atteignant sa puberté se voit offrir un chien (dans les bonnes familles bourgeoise; dans le souci de préserver, prolonger, la virginité de la jeune fille).
Sortir le chien
Pour beaucoup c'est une corvée car on finit par trouver inadmissible que cet animal par ailleurs si docile présente le défaut de faire des merdes et surtout de pisser.
En prenant l'animal de la taille la plus petite on pourra se contenter de lui laisser "sa caisse" dans son coin. Mais malgré tout au risque de le voir grossir et devenir impotent on est bien obligé de lui concéder au moins cinq minutes de sortie, sortie pipi ou exercice.
Si l'on a un grand chien. beau, de race... un bel objet; on se doit de soigner la sortie. Une apparition en quelque sorte. C'est à dire que l'on s'habille en conséquence: en dame du monde, en sportive en chasseresse... (car finalement ce sont surtout les femmes, et les enfants qui sortent les chiens urbains.)
L'homme-urbain est considéré comme incapable ou indigne de s'occuper de cet élément de la famille. Il y a d'ailleurs de fortes chances pour qu'il n'éprouve pas une grande fierté à sortir le "toutou" de la famille.
Pour les jeunes filles "pub r ", la sortie du chien peut étre un pretexte à rencontrer un amoureux qui l'attend au coin de la rue. Ca lui donne une contenance, un air plus désinvolte pour faire penser au garçon qu'elle veut bien le rencontrer et se promener un peu avec lui parce qu'elle sort le chien; mais que rien ne dit que les choses seraient aussi faciIes sans le chien.
D'ailleurs les parents seraient en effet bien curieux de savoir ce que leur fille va faire lorsqu'elle prétend sortir avec une amie pour une heure ou deux.
Horaire:
Etant donné le rythme de vie urbain c'est surtout entre 5 et 6 h que l'on voit les trottoirs fleurir de merdes et de pisses. C'est le moment de communion, d'entente cordiale entre les différents maitres qui peuvent se vanter mutuellement les mérites ou les défauts des "toutous"...
Comme il est sage , comme il regarde la télévision, comme il est propre, comme il remue la queue, comme il est discret, silencieux et.... comme il a un regard humain et intelligent, il comprend tout vous savez... il est malin.
© Didier Bay
Scénette:
J'ai vu un jour un chien gras, un bon chien-chien à sa mémére, le poil ras, noir, la queue courte, qui s'éfforçait vainement de chier. Tout seul, il trainait son dérriére sur la rue, le trottoir. Tout son corps vibrait sous l'éffort d'expulser cette merde séche trop longtemps gardée Les éfforts devinrent de plus en plus pénibles, des cris déchirants se firent entendre; la béte se trainait lamentablement, à l'aveuglette.
Des gens se mirent aux fenétree, interdisant aux enfants de regarder ce spectacle pénible.
Et puis finalement une merde séche et noire est sortie, puis une autre
L'animal soulagé est venu renifler ces excréments dont l'expulsion lui avait donné tant de peine; et aprés l'avoir léché d'un coup de langue affectueux a avalé cette merde dont décidément il ne voulait pas se séparer.
Les spectateurs eurent un mouvement de recul, une grimace unanime et cette béte que l'on plaignait il y a quelques instants s'est vue maudite de bon coeur par les témoins dégoutés.
épilogue:
La nécéssité (?) pour l'homme, spécialement l'urbain, d'aliéner de dominer, de dompt r, de tenir sous sa coupe, de modeler à ses désirs bref d'assouvir ainsi une revanche sur un étre vivant qui va ainsi porter la marque indélibile de son propriétaire, et ceci qu'il s'agisse d'exprimer de l'amour ou de la haine... retombe avec facilité sur un animal domestique.
Malheureusement, bien souvent, ces animaux sacrifiés au déséquilibre de l'humain, ne suffisent pas, ou plus, comme paliatif. Car pour certains· humains (trop nombreux) rien ne peut finalement remplacer la domination de l'homme sur l'homme..
DOGS
Dornestic animal:
It is said of animal living in the house of man.
The dog in a city surrounding.
Dog is a quadruped from the family of carnivorous digitigrads. Dog is a true fellow for man, mankind...
It seems that there has always been dogs since the appearance of man on earth
If one can well conceive the possibility of having a dog on the country-side either by affective need or to survey weefare or other animals (sheepdog) it is because the available space and the natural environment allows man and dog to be together without much constraint and therefore eventualy to appreciate each other and live together in harmony.
It is quite different in a city. It must be said that what brings the cityman to offer himself a dog are generally very selfish feelings -that don't take at all in consideration the respect due to an animal that is not supposed to be alienated to the specific cityman rythme of work-leisure, whatever the possibilities of adaptation of thi s domestic animal.
But the cityrnan. alone among multitude, needs more than anyone to find a mute interlocutor, a spectator, a drudge, a derivative for an overload of affection... In short a fellow whose most important qualities are it s domesticity, its fatalistic adaptability, its sornetimes integral mutness;
The citydog
A lonely man a substitute. alonely woman take a dog as a fellow.
A childless couple take a dog (also a couple whose children are away). A girl reaching puberty is giyen a dog (in good midclass families; so as to protect, to prolong the girl's virginity).
Going out with the dog
© Didier Bay
Going out with the dog.
To most people it is a drudgery as one finily think it unacceptable that such docile animal has on the other hand such a defect as siting and, mainly, pissing.
By taking animals of the smallest height one might only leave it its "case" in a corner. But there is still the risk to see it getting bigger and becoming impotent, so at least you are forced to give it a minimum of five minutes outside for its pipi or exercize.
If one has a big dog, beautiful, a pure-bred... a nice object; one has to rnake the best out of the going out. An apparition in some ways. Which means that you get dressed up for the occasion: as a queen, as a sportive, a huntswoman... (as final y it is rnostly wornen, and children that goes out with citydogs).
The cityrnan is considered as unable or unworthy to take care of this element of the family. Anyway there are great chances that he will not feel very proud to go out with the "doggy" of the family.
For young "puber" girls, going out with the dog might be a pretexte to meet the boy-friend awaiting at the corner of the street. It gaves her a more desinvolt bearing so as to make the boy think that she agrees on meeting him and take a walk because of the dog; but there is no way to say things would be the same without the dog.
As a fact the kins would be very curious to know what their daughter is really doing when she pretends to go out with a girl friend for an hour or two.
Time-table.
Because of life rythme on cities it is mostly between 5 and 6 pm that one can see shits and pisses blossoming on pavements. It is time for communion and close cordiality between the different rnasters that can mutually boast out the defects and credits of the "doggies"...
how nice it is, how it watch television, how well educated it is, how discret, noiseless and... how it has a clever and human glow in the eye, it understa nds everything you know... it is smart.
© Didier Bay